Le podcast Débordements enrichit sa collection d’essais sonores consacrés aux cinéastes et collectifs qui font autrement du cinéma.
La plasticienne et cinéaste Marie Reinert est au plus proche de ses outils. Sur un roulier Marseille-Alger, en 2011, elle accroche sa caméra aux parois du ventre du navire et laisse les vibrations envahir peu à peu le cadre et la mise au point, comme elles sont déjà parvenues à s’immiscer dans les corps et les rêves des dockers.
À la Deutsche National Bank, en 2014, elle bricole une boussole avec laquelle se diriger parmi les méandres des bureaux, comme si de « belles courbes statistiques » (en l’occurrence, celles du cours de l’euro-dollar) pouvaient tracer la voie d’ « événements extrêmement personnels ».
En 2020, c’est grâce à une poignée fixée à un smartphone que son outil de travail circule de mains en mains dans les marchés de Kinshasa, avant que le résultat ne soit plus tard montré aux travailleur·euses au moyen d’un projecteur embarqué dans une valise et branché à une batterie externe.
Image : Bull & Bear