Il y eut un joli Mai, il y aura un Mars infini. Dans le cycle de mobilisations, ouvert depuis deux mois et loin, bien loin de se clôturer, l’Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis s’est illustrée à plus d’un titre : cortèges imposants (et énergiques !), organisation de cours alternatifs, et, entre bien d’autres choses, réalisation de ciné-tracts. Certains des étudiant.e.s ayant participé à cette création collective ont bien voulu nous donner ce texte, qui rappelle la colère et les désirs animant ces films, et précise les moyens de leur fabrication. Par ailleurs, ils précisent écrire en leur nom propre et non en celui de l’ensemble des étudiant.e.s mobilisé.e.s.
L’ensemble de ces films est disponible sur la chaîne Mobilisation Cinéma Paris 8, à moins que, comme cela est déjà arrivé bien trop souvent, des forces obscures ne les fassent disparaître pour effacer toute trace de la contestation, en plus de s’acharner à la réprimer avec les méthodes que l’on sait.
Depuis le mois de mars et le début de la mobilisation contre ladite loi « Travail », bon nombre d’étudiant.e.s de l’université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis sont engagé.e.s dans cette lutte pour son retrait mais aussi, plus largement, pour un véritable changement de cap politique. Nous avons repris l’idée de ciné-tracts, née en Mai 68, en en actualisant la forme en raison des nouveaux moyens techniques. Ces films sont des œuvres autonomes et « anonymes » destinées à véhiculer nos revendications et notre indignation face aux événement actuels. Les objets et les formes en sont variés : appels à la manifestation et au rassemblement, dénonciations des violences policières et de la démagogie du gouvernement, détournements des médias de masse. Tous ont été signés « Commission Cinéma Paris 8 », et réalisés sans l’aval (ni l’interdiction) des Assemblées Générales de l’Université.
Les ciné-tracts utilisent des images de la lutte (manifestations, AG, actions) prises par des étudiant.e.s, ainsi que des images puisées dans les différents médias de masse afin de les détourner. Les journaux télévisés et chaînes d’informations en continu ne faisant que déformer nos propos, nous infantiliser et réduire notre combat à un bête « la jeunesse contre la loi Travail », ces ciné-tracts sont aussi le moyen d’un retour de bâton à l’égard d’un appareil médiatique instrumentalisé par les grands de ce bas-monde.
Les étudiant.e.s qui filment la lutte au quotidien utilisent leur matériel personnel. Réalisés de manière autonome ou collective, les films ont ensuite été diffusés sur YouTube ou Viméo, le pôle média assurant le relais sur le blog de la mobilisation et les différents réseaux sociaux.
Nous tenons à signaler une croustillante anecdote : le premier compte YouTube créé par la commission, ainsi que l’adresse mail associée à la mobilisation des élèves du département de cinéma, ont été clôturés quelques jours après leur création. Certains n’hésitent pas à qualifier cela de censure.
Alors que le gouvernement nous ignore, réduit notre contestation à quelques blocages arbitraires et des débordements pourtant causés par les éternelles provocation et répression policières, ces ciné-tracts sont pour nous le moyen de montrer notre révolte en retournant cette image de délinquants dans laquelle on veut nous enfermer. Les voyous ne sont pas forcément ceux que l’on croit.