Ce matin au Reflet Médicis, le collectif La Clef Revival avait convié la presse pour causer argent.
Cet été, peut-être avez vous croisé au gré des festivals, des membres du collectif qui, de Marseille à la fête de l’Humanité en passant par Lussas, exposaient la stratégie de rachat de La Clef dont nous parlions dans un précédent épisode. Ou alors, peut-être avez vous participé à l’une des nombreuses projections ou discussions, organisées un peu partout dans Paris, au Saint-André-des-Arts ou à l’Archipel, à la Parole errante ou au DOC! et même hier soir, sur une péniche… Car bien qu’expulsé, le collectif des occupant·es du cinéma n’a pas cessé de vivre, bien au contraire – certains des films en préparation au Studio 34 ont même déjà vu le jour et ont commencé leur vie sur les écrans de quelques festivals.
Au-delà de cette vitalité (dont ressort tout de même une fatigue bien compréhensible de celles et ceux qui en sont à l’origine) la Clef Revival ne désespère pas de racheter son cinéma de la rue Daubenton, et paraît même pouvoir y arriver.
Sur l’écran de la salle 3 du Reflet, prêtée par Jean-Mark Zekri (directeur du cinéma et heureux membre du conseil d’administration du fond Cinéma Revival, dont nous décrivions le fonctionnement en mars dernier) se déploie un plan de financement ambitieux et réaliste, détaillé par les membres du collectif. Les dons s’élèvent aujourd’hui à 150 000 euros mais devraient atteindre le cap des 200 000 avant la fin de l’année. De la levée de fonds auprès de “grands” mécènes – dont un premier nom, Pascal Breton, producteur, est déjà connu – sont espérés 2 millions d’euros qui seront récoltés lors d’un dîner pour La Clef. Un prêt bancaire d’un million d’euros est déjà envisageable, bien que l’objectif du collectif soit d’atteindre les 1,5 millions (pour lequel l’Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles, IFSIC, se porterait garant à 50%) – on espère que la Caisse d’épargne proposera quant à elle un taux d’intérêt à prix d’ami. La grande inconnue demeure la participation des collectivités locales, la ville et la région, et des institutions, le CNC en tête, pour laquelle le plan de financement spécule sur un montant de 500 000 euros d’aides. Reste à savoir quelle décision sera prise dans la discussion au sommet réunissant la Mairie, le Conseil Régional et le CNC pour discuter du sort de La Clef…
En attendant, l’enjeu est de maintenir un niveau élevé de radioactivité médiatique pour le lieu (pour reprendre la métaphore d’un membre du collectif) afin que les compteurs Geiger des spéculateurs immobiliers restent trop agités pour qu’une nouvelle offre d’achat soit formulée – le Groupe SOS s’étant retiré de la vente avant tout pour des raisons d’image. Pour ce faire, la fête continue, dans des lieux amis à Paris (à l’Archipel demain soir par exemple ou dans le Jardin des Arènes de Montmartre après demain), dans des festivals partout en France (FIFIB de Bordeaux, Entrevues de Belfort), dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Il est toujours possible de donner évidemment, ou de conseiller un investissement de caractère à vos ami·es riches.