Les films de Richard Linklater invite au montage : non pas tant en vertu d’une permanence ou d’une cohérence de l’œuvre, qui charme au contraire par sa diversité, que d’un sens inégalé de l’intervalle. Il suffit pour s’en convaincre de penser à son long-métrage le plus connu, et le plus célébré : Boyhood (2014). Dire que son tournage s’est étalé sur douze années est réducteur : c’est bien également entre les films tournés par Linklater et par ses acteurs, que Boyhood est né, une semaine par-ci, une semaine par-là. La fidélité et l’engagement de l’équipe eurent ainsi pour revers et même condition une forme de labilité ou de discontinuité. Le montage final en témoigne de la plus émouvante des manières. Si la maturation des corps et l’évolution des personnages semblent presque insensibles au niveau de leurs étapes, c’est que la violence des ruptures, mais aussi le surgissement du neuf, adviennent le plus souvent dans et par l’ellipse. Ce n’est ainsi que par le raccord que l’on peut mesurer ce qui persiste ou se perd, ce qui vaut la peine d’être affirmé ou non. Suivant ce principe, ce montage se propose de traverser près de trois décennies de création.
A noter que ces “motifs” accompagnent la publication, en complicité éditoriale avec Post-éditions et en partenariat avec le Centre Pompidou, du livre collectif Richard Linklater, cinéaste du moment (en librairie le 8 novembre).
Voici les “Motifs de Richard Linklater“.