Débordements_1.pdf

Avril 2021

par ,
le 15 avril 2021

Pendant neuf ans, sans nous en douter, nous avons vécu dans l’erreur. Dès sa fondation, Débordements s’est en effet pensé comme une revue. Or, surprise : nous renseignant l’année dernière sur une aide aux revues de cinéma auprès d’une institution dont l’acronyme compte trois lettres, une voix aimable et compatissante nous informait que nous ne pouvions pas y prétendre pour la bonne raison que nous ne sommes pas une revue. Nous sommes, selon les critères en vigueur, un blog. Un vilain petit blog.

La réunion et la ténacité des plumes, la cohérence des choix, la qualité des textes ne sont pas en l’affaire les éléments déterminants. Une revue se reconnaît en effet à des signes sans équivoques, impartiaux : elle fleurit de manière périodique (la régularité n’étant pas la périodicité), et ses textes poussent en bouquet au lieu d’être semés anarchiquement au gré des jours.

“Débordements, le blog” : voilà des mots qui auront hanté nos nuits, entâchant d’infâmie nos illusions de grandeur.

Il faut pourtant remercier aujourd’hui la voix compatissante : c’est en partie grâce à elle que le document ci-dessous, réunissant nos publications du mois d’avril, a vu le jour.
Il n’y a rien dans ce PDF et dans ceux qui suivront mois après mois que vous ne trouverez en ligne.
Et pourtant, il opère une transsubstantiation : par le caractère mensuel, par la mise en grappe des textes, il fait de Débordements une revue.

Au-delà de cette controverse de nature, la réunion des textes a un autre effet : elle tranche avec leur éparpillement sur le site, à travers différentes rubriques comportant chacune, malgré nos désirs de passages, leurs propres temporalités : on n’y mélange pas les critiques et la recherche, or les deux, et bien d’autres choses, constituent la revue (et on s’est déjà demandé plus d’une fois quelle rubrique serait la plus appropriée pour tel ou tel texte).

Soit dit en passant, ce premier PDF sera aussi le premier changement, puisque le bruit court que le site lui-même prévoierait de se refaire une beauté dans l’année à venir, refondant ses sillons numériques.

Si le découpage et l’ordre subsistent ici, linéarité de l’écrit oblige, et si l’on n’a pas plus inventé l’eau chaude que le sommaire, il est bon de tout voir coexister sur une seule surface. Gardons-nous bien toutefois de rationaliser la découpe mensuelle : sans résulter tout à fait du hasard, elle n’est pas non plus issue d’un grand plan. Elle donne surtout à traverser le fruit d’un travail quotidien, en prise avec les circonstances autant qu’avec des volontés.
Le travail d’une revue qui n’est pas une “pure revue de cinéma”, débordements oblige, mais une revue jamais assez impure, qui va chercher le cinéma partout où il se trouve, dans les festivals et les plate-formes, en ligne autant que dans les salles, et qui suit aussi les images dans leurs développements les plus divers, communs et singuliers. Un sommaire, c’est parfois beau comme la rencontre du gif et de la Forensic Architecture, d’auteurs implantés et de nouvelles pousses, de la lecture et de l’écoute.

Romain Lefebvre

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PS : Les règles étant faites pour être transgressées, vous constaterez une infraction à la découpe mensuelle. Nous avons en effet choisi de faire figurer ici les premiers textes du dossier “Images indociles” qui ont été publiés en mars et non en avril. Derrière l’entorse à la périodicité se cache un hommage à la chronologie, puisqu’il s’agit de commencer par le commencement.