“Il est une rumeur d’après laquelle le lent incendie qui consume l’autre monde, en rendra manifeste, à un certain moment, le mouvement intérieur et l’unité secrète. Le feu ne brûle que pour mettre au jour le plan vivant du grand édifice, il le détruit mais selon son unité, il le révèle en le consumant. Croyance que le grand édifice n’est plus maintenant capable d’alimenter un feu central assez fort pour tout illuminer en un flamboiement d’ensemble. Croyance qu’on en est arrivé à ce moment où tout brûle, tout s’éteint joyeusement au hasard, par myriades de foyers distincts qui travaillent où ils veulent, comme ils veulent, avec la froide passion des feux séparés. Croyance que nous serions les signes brillants de l’écriture du feu, écrite en tous, lisible seulement en moi, celui qui répond – mais c’était jadis et c’était chacun de nous – par son murmure à la certitude commune. Croyance que cette croyance n’est rien de plus que la tristesse et la souffrance du feu devenu trop faible et presque déjà rompu.”
Le dernier homme, Maurice Blanchot
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