Troisième numéro de notre série critique et documentaire au festival Cinéma du Réel, à la rencontre de l’immatériel…
Ces quelques notes radiophoniques prises durant la septième journée du Cinéma du réel n’ont pas prétention à l’exhaustivité : elles dessinent un parcours entre un film présenté en compétition et une carte blanche de la cinéaste Deborah Stratman (membre du jury et primée l’année dernière pour Last Things dans la catégorie Court-métrages). Des expériences de remote viewing (vision à distance, propre de certains individus clairvoyants) supervisées par la C.I.A. pendant la guerre froide (The Signal Line, Simon Ripoll-Hurier) aux explorations ethnographiques déçues de trois générations de femmes cinéastes (Vever (for Barbara), Deborah Stratman), nous avons envisagé la quête de l’inaccessible comme thème commun de cette journée. L’impossibilité de montrer se résout en partie par le son, mais aussi par la reconnaissance d’un échec. Les individualités que ces films tressent ensemble par le montage invoquent un mode d’existence qui dépasse la perception commune et invitent nos cinéastes à enquêter au revers du réel
Nous sommes rejoints par le réalisateur Simon Ripoll-Hurier au sortir des tests techniques de son film The Signal line, et en bons ingénieurs radiophoniques nous changeons de table au sein du café pour éviter le brouhaha des livraisons.
Au cours de notre entretien, nous lui avons proposé une expérience de remote listening (pour en savoir plus écoutez le podcast). Voici les notes et les schémas qu’il a réalisé afin de découvrir le lieu mystère – sa target.
Nous avons plus tard rencontré Déborah Stratman – encore à l’Ours Martin (véritable QG des cinéastes et critiques du Réel) – pour parler de la programmation de sa carte blanche (Meshes of the afternoon, Maya Deren ; Double Strenght, Barbara Hammer ; Vever (for Barbara) et Otherhood de Déborah Stratman). Cela a été l’occasion de revenir sur le lien nouant ces trois femmes cinéastes, mais aussi sur le lien comme outil de tissage, fil rouge et déliement de l’intrigue au sein de leur travail expérimental.
Épuisés de cette journée, nous retournons au centre pour commencer le montage en temps limité du podcast. Notre seul regret : avoir assisté à la projection de Où sont tous mes amants ? de Jean-Claude Rousseau sans avoir pu enregistrer son intervention et réaliser le micro-trottoir de fin de séance pour répondre à la question posée par le film.
Nous savons désormais qu’ils (ses amants) errent quelque part dans le hors-champ (terme que le cinéaste se refuse à utiliser car « tout est dans l’image »)… Il est cependant difficile de s’intéresser à ce qu’ils deviennent passée l’orée de la forêt dans laquelle Jean-Claude va et vient, puis va, puis vient : la « justesse » du cadre ne fait malheureusement pas oublier la vacuité du « motif ».
Plus intéressants sont les gestes documentaires qui assument la part d’invisible et de manque pour le mettre en tension avec une recherche sonore particulièrement sensible.