Débordements_20.pdf

Juin 2023

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le 19 juin 2023

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« On voit que, ce qu’on entend, par exemple, sur la vidéo de la mort de Nahel, l’IGPN l’entend autrement. Et ce qu’on voit sur cette même vidéo et qui semble crever les yeux, eh bien d’autres font comme s’ils ne l’avaient pas vu. »
Guillaume Massart, 05/07/2023

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« On pense souvent que la société va toujours vers le progrès, on ne peut pas imaginer que ça puisse se dégrader. Qui va à Sevran-Beaudottes ? Qui s’arrête pour regarder le désengagement absolu de l’État ? Le seul service public que j’ai vu, c’était les voitures de police sillonnant la ville. »
Alice Diop, 09/03/2021

« Criminaliser les mouvements sociaux a toujours demandé une opération de partage divisant l’intelligence : à la police la rationalité, aux manifestants l’ignorance avinée, la fureur propre aux abrutis. »
Gabriel Bortzmeyer & Ariane Papillon, 07/05/2016

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« Ce qui me gêne c’est que les slogans ne soient pas « Nous voulons casser du flic pour manifester notre solidarité au Chili », ça aurait une puissance formidable. »
Jean-Luc Godard, 06/04/1974

« Pendant la confrontation entre les jeunes gens et la police venue vider un squat de réfugiés africains, ces jeunes gens – qui l’après-midi s’étaient réellement confrontés à la police pendant les manifestations à Lyon – scandaient devant la caméra : Pétain, reviens, t’a oublié tes chiens… Sylvain George a une théorie sur ça et je veux bien le suivre là-dessus. Il pense qu’il est devenu très compliqué de montrer des affrontements violents entre les jeunes gens et la police dans un film aujourd’hui en France. Les institutions se positionnent contre le film. Pourtant, il s’agit de la réalité et si le cinéma français doit renoncer à la réalité, à certaines réalités disons, comment fait-on ? »
Nicolas Klotz, 26/11/2017

« Ce que la forme du poème, du film, met peut-être en jeu, dans ses conditions d’apparition et son surgissement, dans son existence forcément dissensuelle, c’est l’opposition entre la « police », c’est-à-dire l’organisation, l’établissement des corps, la distribution des places, et de l’autre la « politique », c’est-à-dire l’interruption du dispositif de la police. »
Sylvain George, 14/01/2020

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« Filmer la police dans sa pratique répressive des rassemblements politiques, on le sait désormais, a une double vertu : inhiber la violence des forces de l’ordre au moment de la répression, rendre visibles leurs exactions lorsque la présence d’une caméra brandie n’aura pas suffi à les empêcher de les commettre. […] Ce n’est pas pour rien que la police a obtenu, la première, le maintien de son régime spécial de retraite. »
Olivier Cheval, 13/12/2019

« Si la légalité de ces images est aujourd’hui remise en question, leur légitimité, elle, semble établie : faute d’images, de nombreux cas de violences n’auraient eu aucune existence médiatique, voire judiciaire. […] Quand les forces de l’ordre font leur cinéma, le monde environnant ne leur emboîte pas nécessairement le pas. […] La mise en scène du pouvoir surveillant de la police est d’abord une révélation du pouvoir surveillant de la prise de vue elle-même. »
Rémi Lauvin, 17/12/2020



« À nous, citoyen.ne.s et spectateurs ordinaires, à qui les gouvernants ne font, disent-ils, jamais assez de « pédagogie », s’adressait donc une « pédagogie de l’image ». Contre la rhétorique des images stéréotypées du pouvoir, les images du meurtre de George Floyd contenaient une leçon de choses, qui peut et doit nous élever à une leçon éthique, politique, historique et esthétique. Virtuellement d’abord, il y avait, en droit, une manière de voir qui dévoie notre vision, pour faire de nous des révolté.e.s, en acte. N’en déplaise aux partisans de l’ordre, de là-bas comme d’ici, qui craignent de « perdre la jeunesse » dans « un vent de révolte » « sécessionniste », – une jeunesse, ici, prétendument américanisée par les images et un « monde universitaire » désigné « coupable » de son dévoiement anti-républicain. »
Léo Pinguet, 08/07/2020

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« Face à cette liste funèbre, le sens profond de la contestation des prévenus parvient enfin à remonter à la surface, et tandis que le juge impuissant perd son sang-froid, l’assemblée se lève dans la quasi-unanimité pour rendre hommage aux morts. Les mots ont finalement pris la foule, la balance vient de basculer. »
Florent Le Demazel, 20/10/2020


« Car quand c’est la société toute entière qui se jette dans les flammes, que peut faire la police ? »
Florent Le Demazel, 20/10/2020

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« L’histoire filmée de cet incident finit là, mais rien ne s’achève : les flics ne sont pas ou peu punis ; le quartier reste pauvre ; ses habitants et habitantes restent meurtri·e·s, endeuillé·e·s ; la colère demeure un brasier vif. »
Guillaume Massart, 05/07/2023

Extraits de textes choisis et ordonnancés par Pierre Jendrysiak